« L’art de perdre » d’Alice Zeniter (Flammarion)
Assurément un des plus grands livres de la rentrée 2017, « L’art de perdre » est à la fois une épopée, un roman historique, une saga familiale et un roman engagé. Dans ce récit ample et poignant se déroule toute la tragédie de ceux qu’on appelle les « harkis », à jamais prisonniers de leur passé. Ces Algériens sont d’abord victimes de la guerre d’Algérie, avant d’en être chassés par le gouvernement du pays nouvellement indépendant. Arrivés en France dans les pires conditions, ils sont rejetés par une population qui les considère comme des « demi-français » et redoute leur arrivée sur le sol métropolitain. En partant de l’histoire d’Ali, le grand-père qui fut chef d’un petit village de Kabylie, pour finir avec Naïma, femme moderne parisienne qui ignore tout de ses origines, Alice Zeniter réussit un véritable tour de force. Rien ne manque, la précision historique comme le drame. En vous plongeant dans l’histoire de leur famille sur trois générations, vous découvrirez par la même occasion les sentiments, les réflexes, mais aussi les travers des réfugiés algériens, qui font écho aujourd’hui à tous les migrants du monde lancés sur les routes de l’Europe.
Alice Zeniter, alter-ego de Naïma dans le roman, signe incontestablement un chef-d’œuvre et confirme son style d’écriture plein de promesses !