« Le beau monde » de Laure Mi Hyun Croset (Albin Michel)
On imagine toujours difficilement une mariée renoncer au dernier moment à son mariage, surtout quand le marié est à la tête d’une véritable fortune et que sa position sociale vous permettrait d’entrer en contact avec une foule de célébrités. C’est pourtant ce qu’a décidé de faire Louise en ne fournissant aucune explication à personne.
Laure Mi Hyun Croset, une jeune écrivain genevoise, a décidé de construire son roman précisément sur ce manque de justification.
Pour ne pas gaspiller la fortune investie dans la fête, les parents du marié décident de s’en tenir au programme prévu, avec ou sans la mariée ! Dès l’apéritif, les langues se délient et chacun veut donner son avis sur les raisons de la défection de Louise. Etrangement, la personnalité de la mariée semble varier à chaque fois, si bien qu’on peut se demander s’il s’agit bien de la même personne. A l’inverse, la part de ragots et de méchanceté prédomine dans tous les portraits. Ce qui donne à penser que personne ne connaît réellement son prochain. Jalousie, rivalité, condescendance, perfidie et cruauté se déversent sur l’absente, dont le tort réside avant tout dans sa différence. En effet, elle ne ressemble à personne et, comble de malheur, elle vient d’un milieu modeste! On s’aperçoit que le beau monde est miné de l’intérieur.
Ce roman navigue entre ironie et satire et le lecteur se retrouve embarqué par la curiosité afin de savoir qui est vraiment cette Louise et qu’a donc fait son ex-futur mari pour mériter cela ?